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  • Oriane LAUNAY

Portrait d'artiste, Noé Triton nous parle de la sortie de son premier album

Repéré par Le Règlement, Noé Triton a sorti vendredi 9 octobre son premier album : Humain normal. En deuxième année d’Info-Com option publicité, il nous a accordé un entretien pour nous parler de son projet la veille du grand jour.


Salut Noé ! Pourrais-tu te présenter pour commencer.

Salut, je m’appelle Noé Triton, j’ai 18 ans, je viens des Yvelines. J’ai étudié à Versailles avant d’arriver sur Paris pour mes études supérieures en publicité. Je fais de la musique depuis tout jeune, j’ai commencé par de la guitare, de la basse, de la batterie, du piano, du chant... J’ai touché un peu à tout mais sans prendre de cours : j’apprenais en écoutant et en essayant de retranscrire. J’ai voulu suivre la carrière musicale de mon père absent, et ainsi garder un lien avec lui. Ça m’a amené à pratiquer et à écrire tous les jours. Un jour, il y a eu ce concours publié sur l’Instagram du Règlement. Pour rigoler j’y ai participé en postant une vidéo qui se déroule dans les salles de l’IUT. Il y a eu une vague de 60 000 personnes qui ont visionné ma vidéo, ce qui m’a propulsé en final de ce concours. J’ai eu l’occasion de faire un freestyle en studio avec les autres finalistes, ce qui m’a apporté de la visibilité et a généré une petite communauté autour de moi. C’est incroyable car je ne m’y attendais pas du tout et ce n’était pas ce que je recherchais à la base.

Quel métier tu rêvais de faire quand tu étais enfant ? Rappeur ?

Non, du tout. Même le principe de rappeur ce n’est pas quelque chose qui me motive. Le rap, c’est ce genre qui a fonctionné mais en soi ce n’est pas mon style. C’est un moyen simple de transmettre des messages. Faire de la musique mon métier, être une star, avoir un public, ce n’est pas ce que je cherche dans la vie.


Raconte-nous ton parcours musical : tes débuts, ton évolution stylistique, technique, les rencontres qui ont pu t’aider…

J’ai commencé la musique de manière autodidacte. Je reproduisais ce que faisait mon père à la guitare à travers ses CDs et ses albums. Il est devenu comme un modèle, une idole. J’ai évolué en écrivant des textes, en jouant des mélodies. Quand je suis arrivé au lycée j’ai rencontré mon meilleur ami Arthur, alias Manson, qui faisait du rap et qui m’a initié à cette discipline. J’ai appris à relâcher la pression concernant l’écriture, à me détacher des modèles de la poésie, à rajouter des mimiques, des ad libs. Avec le temps, on a fait intervenir la « science » du rap sur nos sons, on a travaillé et assumé notre style, sans pour autant le définir. On a aussi essayé de s’émanciper du modèle « des lycéens cools qui font du rap » tout en continuant à s’amuser, à passer d’un son extrêmement sérieux à un autre complètement rigolo. L’évolution a fait que de plus en plus de personnes nous ont suivis et cela nous a motivés à nous investir dans des projets et à poser des œuvres marquées.


Tu te situes dans quel genre de rap ?

Aucun. Typiquement, dans mon nouvel album, j’ai essayé de travailler avec beaucoup d’artistes différents pour un rendu très diversifié. Vous retrouverez des sons lofi, romantiques, où je vais parler de filles et faire mon « lover ». Et parallèlement, il y aura des sons où je parle de mes relations amicales, des difficultés que j’ai pour communiquer avec les gens de mon âge, de mes rendez-vous avec la psy… Il y a du conscient, de la trappe, de la lofi… Je ne me considère pas comme rappeur mais plutôt comme un artiste, un parolier qui aime beaucoup cet univers et qui compose à travers tous les genres.


Pourquoi tu as gardé ton prénom et nom ?

Initialement, j’avais un pseudonyme qui était mon troisième prénom : Paco. Mais au moment du concours qui m’a fait gagner en visibilité, le Règlement m’a mis en avant sous mon nom et mon prénom. Au final, je me suis rendu compte que ça ne servait à rien de créer un personnage avec un pseudo vu que je raconte ma vie personnelle et finalement, Noé Triton défini « l’humain normal » que j’essaie d’atteindre.


Quelles sont tes références musicales ?

Dans le milieu du rap : Orelsan et les Casseurs Flowters en général. Mon père qui fait du blues, du jazz et de la musique afro-orientale m’a beaucoup appris et j’estime George Brassens en termes de texte.

T’es plus influencé par le rap français ou US ? Pourquoi ?

Complètement Français. Ce qui me plait le plus dans le rap sont les paroles et je trouve que les plumes françaises sont épatantes.

Ton feat de rêve ?

Les Casseurs Flowters.

Arrête de phaser a 170 000 écoutes sur Spotify, comment le vis-tu ?

J’ai voulu faire un son où je me parlais à moi-même et dire ce que j’aurais rêvé d’entendre à 16 ans. À ce moment de ma vie, j’avais moi aussi besoin d’entendre ces paroles. Les gens ont accroché car ça leur parlait et je pense que c’est un son qui a sa raison d’être. Je ne fais pas de la musique pour les streams ou pour être connu. C’est génial si autant de personnes ont écouté car le message a été passé et c’est tant mieux.


Comment te sens-tu avant la sortie de ton album ?

C’est peut-être un peu narcissique mais j’attends avec impatience d’écouter mes sons dans le bus le matin ! En réalité, j’ai extrêmement hâte et je suis impatient d’avoir des retours, que certaines personnes se reconnaissent dans cet album et communiquer avec eux. Très hâte !

Pourquoi le titre Humain normal ?

L’expression « humain normal » me fait rire parce que la normalité n’existe pas. Mais la normalisation sociale, elle, existe. Et cet album parle en partie de cette idée de l’humain qu’on devrait être, en réponse à certains codes sociétaux : le jeune qui fait des soirées, qui a des relations amoureuses, amicales… Cette association c’est un paradoxe qui reflète mon album.

Peux-tu nous parler de ton projet ? Le thème de l’album, comme tu l’as produit, tes inspirations, les difficultés rencontrés, les messages que tu souhaites transmettre.

L’album a commencé pendant le confinement à la suite d’un défi qu’on m’a donné. J’ai commencé à écrire nuit et jour avec cette idée en tête : glisser mes 18 dernières années dans les textes. Au final, ce n’est pas que mon histoire mais celle de beaucoup. Ça parle d’un enfant qui a eu des difficultés relationnelles. On m’a diagnostiqué surdoué, par conséquent j’étais anormal. À cet âge je n’avais pas encore de vision globale de la vie, j’ai alors assumé cette différence et développé une arrogance, une assurance qui n’avaient aucune raison d’être, ce qui m’a encore plus mis à part. Accumulé à du harcèlement scolaire et une prise de poids, mon seul espoir était de devenir un humain normal. Arrivé au lycée, je me suis complètement libéré et je suis devenu cet humain normal. Ce parcours a construit le squelette de l’album : il commence par les rendez-vous chez la psy, puis s’en suivent des sons sur les filles, les potes, tout ce que j’ai essayé d’avoir quand j’étais petit. On arrive ensuite à cette cassure au milieu de l’album par le son éponyme « humain normal ». Au début de la chanson, le ton est un peu arrogant en parlant à la seconde personne du singulier et en montrant que tout le monde est un humain normal. « Tu fais la tête comme un humain normal, faible quand tu n’as pas le moral, stress quand tu passes à l’oral, mais rassures toi t’es qu’un humain normal. » La cassure se trouve à la fin du son où je me rends compte que je suis devenu l’humain normal : « Je suis qu’un humain normal, je mate des pubs et je mange des gnocchis, je fais des sons pour me faire la morale, je regarde internet quand ça ne va pas la vie ». La suite de l’album est composée de sons qui bougent, un peu plus populaires, où je rappe avec des potes sans prise de tête.

Combien de temps tu as mis pour écrire l’album ?

Pendant le confinement, j’ai beaucoup écrit sur mon histoire, sur la première partie de l’album car c’était le moment propice de se recentrer sur soi-même. En sortant du confinement la deuxième partie de l’album s’est dessinée car je revoyais du monde et je me suis ouvert.

Tu fais tes prods tout seul ? Qui travaille avec toi ?

Je travaille avec cinq beatmakers, certains étaient des amis, d’autres le sont devenus. On a réfléchi ensemble à des idées d’instrus à partir de mes mélodies et toplines. Je n’ai pas une assez bonne maîtrise des logiciels pour produire seul. Dans tous les cas je vois le rap comme un travail collectif et, malheureusement, on oublie trop souvent les musiciens en amont des titres en mettant le chanteur sous le feu des projecteurs. Dans l’album vous retrouverez deux sons en feat avec mon meilleur ami qui s’occupe également du mixage. Nvil, un des finalistes du Règlement, est venu me rejoindre sur l’album pour faire un feat aussi. En dehors de la musique, j’ai aussi rencontré des personnes qui m’ont aidé sur la communication, la création de contenu, la créativité des clips, leur partie technique…Cet album a rapproché du monde et a créé une équipe. La suite va pouvoir se faire ensemble.

Tes nouveaux titres ont-ils déjà un clip ? Selon toi, les clips sont partis intégrantes de tes créations musicales ?

Les clips que je fais sont indépendants, libres et amateurs. Pour l’instant l’album demeure une identité sonore mais on viendra ajouter des images dessus après sa sortie. Ça me tient à cœur d’en réaliser car c’est le moment où je vis ma musique. Et puis on s’éclate en les imaginant, réalisant et tournant…

Tu t’imagines faire de la musique ton métier ou cela reste une passion ?

C’est sûr que je garderai toujours la musique dans ma vie. Cependant, comme métier je m’imagine dans un domaine plus stable. De toute façon quand quelqu’un ne vit que de la musique, il n’a, au final, plus grand chose à raconter car ses expériences se concentrent sur un même sujet. Je ne veux pas être dépendant aux streams pour vivre. Pour l’instant, la musique est mon moyen d’expression, mon réseau social et elle suit mon évolution de pensées. À côté je fais des études, je veux travailler dans la com et devenir concepteur-rédacteur, faire passer des messages oui mais pour des entreprises ou des ONG… Devenir publicitaire dans l’écologie serait génial.

Ton mot de la fin ?

Les mœurs changent à travers les tendances musicales et si tout le monde partageait ce qu’il avait à dire à travers cet art, si la musique devenait le moyen de communication de l’Homme, les mœurs seraient celles de tous et plus d’un petit groupe de personnes. Allez écouter l’album, il est disponible depuis le 9 octobre sur toutes les plateformes de musique ! Il y a suffisamment de tout pour que tu te reconnaisses au moins dans un son !



Chloé Harlay

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