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  • Oriane LAUNAY

"Mignonnes", au cœur d'une grande polémique

Dernière mise à jour : 12 mai 2021

Si cette rentrée nous a paru mouvementée en tout point, on peut également noter une forte agitation dans le monde du cinéma.

En effet, le nouveau film de Maïmouna Doucouré « Mignonnes » est au coeur d'une polémique sur un sujet de société encore très tabou : l’hypersexualisation des mineurs.


Ce long-métrage retrace l’histoire d’Ami, jeune fille de onze ans issue d’une famille sénégalaise musulmane traditionnelle qui découvre dans son nouveau collège un groupe de danseuses appelé : “Les Mignonnes.” Fascinée, elle s’initie à la danse sexy populaire auprès des jeunes, le twerk, dans l’objectif de devenir membre de leur bande et de se détourner d’un moment familial douloureux...

Influencées par les clips de leurs artistes préférées, ces pré-adolescentes en quête de célébrité vont alors participer à une compétition de danse à caractère sexuel.



Alors que sa sortie en France au cinéma date du 19 août 2020, cette réalisation ébranle l’opinion publique depuis des semaines. Une polémique qui n’a cessé d’enfler depuis sa sortie sur Netflix dans 180 pays étrangers dont les Etats-Unis où elle est parue le 9 septembre dernier sous le nom de “Cuties”.


En effet, le Netflix version US a commencé à être dans la ligne de mire de beaucoup de ses utilisateurs quand il a fallu diffuser l’affiche du film pour en faire la promotion. Dessus, on y voit les jeunes prépubères prendre la pose de manière assez “provocante” compte tenu de leur âge. La plateforme américaine a d’ailleurs dû présenter ses excuses et supprimer la photo face à cette très mauvaise réception.


Le scandale s’est internationalisé pour de bon lorsqu’un mouvement sur Twitter est né : le #CancelNetflix. Cet appel au boycott a, semble-t-il, eu des répercussions bien réelles.

D’après Christian Headlines, média américain, Netflix aurait perdu 2,5 millions de souscris provenant des Etats-Unis et du Canada suite à la diffusion du film français.

Mais alors que certains qualifient ce film comme un appel à “l’intérêt farouche pour le sexe et n’ayant aucun apport artistique”, d’autres saluent le courage qu’a eu la réalisatrice, Maimouna Doucouré, de briser le tabou autour de l’objectification du corps de la femme, autre forme d’oppression.


Après avoir fait mon analyse du film et comparé les différentes opinions de vidéastes et autres cinéphiles, je dirais premièrement que la transition entre l’enfance et l’adolescence est un sujet très bien traité. Il est vrai que dans le film, on ressent bien le fait que ces petites filles manquent d’un modèle. Les adultes ne sont finalement présents que pour leur rappeler leurs erreurs et tentent, en parallèle, de résoudre leurs

problèmes d’adultes. Ils ne parviennent pas à protéger cette jeune génération de sa quête de l’attention pour gagner en amour de soi.


Deuxièmement, bien que l’on puisse contester les plans rapprochés sur les parties intimes de ces toutes jeunes actrices en train de danser, le cinéma est aussi une place dédiée à déranger, à faire réfléchir. “Ce n’est pas que du confort” comme l’a très bien dit un youtubeur exposant dans sa vidéo son avis sur le film.


Des moments de gêne, vous allez en avoir. Mais vous allez aussi sourire quand vous verrez Ami contente d’avoir trouvé son pilier du groupe, Angelica. Quand lors du concours, le public va huer ces filles pour leur danse obscène, vous allez réaliser que ce film dénonce plus qu’il n’encourage la pédopornographie. Et lorsqu’à la toute fin, vous verrez Ami en pleurs chercher les bras de sa maman, vous en reviendrez au fait qu’à ce jeune âge, tout ce qu’on veut c’est être aimé. Que cette petite fille, malgré ce dérapage, reste une petite fille qui a des valeurs, des rêves et une très grande sensibilité. Elle veut prendre son temps et vivre sereinement ce passage à l’adolescence. Ne lui parlez pas tout de suite de devenir une femme….


Derrière cette “cancel culture” grandissante sur les réseaux sociaux ces derniers temps, se cache, sans aucun doute, un risque de désinformation. Juger sans regarder ce film pousse à extraire certaines scènes ou images hors de leur contexte et scandalisent de fait.

A mon sens, il s’agit là d’une belle réalisation qui mérite notre attention. Bien qu’elle puisse être déstabilisante pour un tout jeune public, avec une lecture guidée, la morale de ce film en

apprend beaucoup sur la difficulté de créer son identité de femme dans un monde où les figures d’exemple ne sont parfois pas les bonnes.


A l’heure de l’hypersexualisation -parfois précoce- sur les réseaux sociaux à l’instar de certains challenges Tik Tok ou de lives Instagram, le cinéma peut s’avérer être l’outil parfait pour dépeindre ces réalités-là. Nous en priver viendrait, dans une certaine mesure, à atteindre notre liberté d’expression à laquelle on tient tant.


Yousra Bennis

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